Le Migrant Rights Network demande un statut de résident permanent pour tous et toutes et la fin des déportations.
Canada, 20 janvier 2023 – Le Migrant Rights Network – la plus grande coalition dirigée par des migrant-e-s au Canada – réitère son appel en faveur d’un programme de régularisation non plafonné et inclusif qui garantisse le statut de résident permanent à l’ensemble des 500 000 personnes sans papiers et à leurs familles, en réponse à l’annonce d’aujourd’hui qui offre un chemin extrêmement difficile vers la résidence permanente à seulement 500 travailleurs et travailleuses sans papiers du secteur de la construction dans la région du Grand Toronto. Le Migrant Rights Network manifestera en faveur de l’égalité et de l’équité pour tou-te-s à l’extérieur de la retraite du Cabinet, le lundi 23 janvier 2023, à midi, à Hamilton, en Ontario.
Byron Cruz, organisateur avec Sanctuary Health à Vancouver, déclare : “Cette annonce du gouvernement fédéral ne répond absolument pas aux demandes des communautés sans-papiers à travers le pays. Nous avons besoin de toute urgence d’un programme de régularisation de l’immigration à travers le pays, inclusif pour tou-te-s. Trop c’est trop, nous ne voulons pas que les migrant-e-s soient détenu-e-s ou meurent dans les prisons d’immigration.”
Le premier ministre Trudeau a promis un programme de régularisation le 16 décembre 2021. Sans ce programme, beaucoup continuent de souffrir. Un sans-papiers, dont le nom n’a pas encore été dévoilé, est mort en détention par les services d’immigration à Surrey, en Colombie-Britannique, le jour de Noël. Fritznel Richard est mort quelques jours plus tard au Québec alors qu’il traversait la frontière pour retourner aux États-Unis après avoir été incapable d’obtenir un permis de travail au Canada.
Yonnel Destin, porte-parole sans-papiers pour le groupe montréalais Solidarité Sans Frontières, a ajouté : “Ce programme est totalement insuffisant. Les sans-papiers vivent partout au Canada, et travaillent dans toutes sortes d’industries. Pendant qu’ils s’amusent avec des programmes pilotes, nous vivons dans la peur de la détention et de la déportation. Où est le programme de régularisation complète qu’on nous a promis ? Nous n’avons pas besoin d’un autre programme complètement inadéquat qui ne reconnaît absolument pas que je suis égal à tous les autres dans ce pays.”
L’annonce d’aujourd’hui est la prolongation d’une politique lancée en janvier 2020 et qui a duré trois ans, au cours desquels seules 500 demandes ont été traitées en raison d’exigences restrictives. Seules les personnes ayant un lien de parenté avec un-e citoyen-ne canadien-ne ou un-e résident-e permanent-e sont autorisées à présenter une demande. Entre autres exigences, les demandeurs et demandeuses doivent également prouver qu’ils vivent au Canada depuis cinq ans et qu’ils ont occupé des emplois spécifiques dans le secteur de la construction pendant au moins 4 680 heures, ce qui nécessite la remise de documents par les propriétaires et les employeurs et les expose à un risque accru d’exploitation.
Marco Luciano, directeur de Migrante Alberta, basé à Edmonton, a ajouté : “L’annonce d’aujourd’hui est décevante. Elle n’aborde pas le problème fondamental des sans-papiers. La régularisation au compte-gouttes n’est pas la solution. Nous demandons un programme de régularisation inclusif, sans plafond et pour tous les secteurs. Nous devons mettre fin à la déportation et à la détention inhumaines des migrant-e-s.”
Toutes les organisations dirigées par des migrant-e-s au Canada, ainsi que plus de 480 organisations de la société civile, ont conjointement demandé un statut d’immigration complet et permanent pour tou-te-s les migrant-e-s du pays, ainsi qu’un statut de résident permanent pour tou-te-s à leur arrivée dans le futur. 25 000 personnes ont envoyé des messages aux ministres au cours des derniers mois.
Nina Gonzalez, organisatrice sans-papiers au Centre des travailleurs et travailleuses immigrants à Montréal, déclare. “C’est peut-être une bonne nouvelle pour les personnes sans papiers travaillant dans la construction dans la région du Grand Toronto qui peuvent se qualifier, mais cela donne à nouveau un sentiment d’exclusion à tou-te-s les travailleurs et travailleuses migrant-e-s de la construction qui travaillent dans le reste du Canada et aux autres migrant-e-s qui ne travaillent pas dans le secteur de la construction. Nous avons besoin d’un programme de régularisation inclusif et prévisible, basé sur les droits universels de la personne, appliqué à tout le Canada, indépendamment de la profession, de l’expérience professionnelle ou d’autres exigences injustes.”
“Chaque personne qui obtient un statut signifie qu’une personne de plus est incluse dans la famille des droits, donc l’annonce d’aujourd’hui signifie que potentiellement 500 personnes racisées, de la classe ouvrière, auront le pouvoir de se protéger et d’être avec leurs familles ; maintenant nous avons besoin d’un programme de régularisation pour les 499 500 migrant-e-s sans papiers et leurs familles et les 1,2 millions de migrant-e-s avec un statut temporaire qui sont exclu-e-s de l’égalité des droits”, a déclaré Syed Hussan, directeur exécutif de Migrant Workers Alliance for Change.
MISE EN CONTEXTE
- Proposition de régularisation du Migrant Rights Network : https://migrantrights.ca/resources/la-regularisation-au-canada/
- Une régularisation complète (un programme qui inclut l’ensemble des 500 000 personnes sans papiers, sans plafond ni exclusion) permettra de réparer un tort historique, d’améliorer les conditions de travail en donnant aux migrant-e-s le pouvoir de se protéger, de garantir la santé publique et d’ajouter au moins 1,1 milliard de dollars au trésor public grâce aux contributions des employeurs qui ne paient actuellement pas d’impôts.
- Bien que les statistiques n’aient pas été publiées, les organisations de migrant-e- ont toutes signalé une forte augmentation des détentions et des déportations en 2022. Au cours de l’exercice 2020-2021, le Canada a expulsé en moyenne 31 personnes par jour. Un migrant sans papiers est mort dans la prison d’immigration de Surrey le jour de Noël.
- 2022 est en passe de devenir l’année où le nombre de permis de travail et d’études temporaires a été le plus élevé, sans aucune augmentation de l’accès aux droits permanents pour les migrant-e-s à bas salaires. Plus de 853 000 permis de travail et d’études ont été délivrés entre janvier et septembre 2022.
- Au moins 1,2 million de personnes vivent au Canada grâce à des permis temporaires de travail, d’études ou de demande d’asile délivrés chaque année au Canada. Les personnes occupant un emploi faiblement rémunéré, en particulier, n’ont pas accès à la résidence permanente et sont donc contraintes de quitter le pays ou d’y rester sans papiers. En conséquence, il y a plus de 500 000 personnes sans papiers dans le pays.
- Autrement dit, il y a au moins 1,7 million de migrant-e-s – 1 résident sur 23 au Canada – qui ne disposent pas de droits égaux.
- Les migrant-e-s sont exclu-e-s des services de santé et des services sociaux et ne peuvent pas retrouver leur famille. L’absence de statut de résident permanent rend difficile, voire impossible, pour les migrant-e-s de défendre leurs droits au travail ou d’accéder aux services, y compris ceux auxquels ils et elles peuvent être éligibles, en raison d’une crainte fondée de représailles, de licenciement, d’expulsion et de déportation.
- Les migrant-e-s – pour la plupart à bas salaires, des personnes racisées et issues de la classe ouvrière – sont considéré-e-s comme essentiel-le-s mais sont exclu-e-s des droits. Des milliers de migrant-e-s ont perdu leur vie et leurs moyens de subsistance avec la COVID-19 alors qu’ils et elles travaillaient dans des fermes, des centres de soins de longue durée, dans la construction, l’entretien et le travail de livraison.